La grève, trois petits tours et puis s'en vont....
Trois petits tours, enfin, deux pour l'instant, c'est quand le troisième ? On m'a dit qu'il ne faisait pas encore suffisamment chaud en cette fin d'hiver, donc au premier mai en misant sur le fait que le temps sera plus serein, il serait bon alors que l'on revendiquât profitant de ne pas être incommodé par des intempéries intempestives. Il y aurait semble-t-il un espoir pour que l'on émette à cette occasion quelques récriminations à l'encontre de la politique du gouvernement, néanmoins on n'y ira pas trop fort du fait qu'il est un peu bloqué par la crise. Alors vous comprenez, si on augmente les salaires, les entreprises qui sont déjà exsangues vont disparaître. Et puis Madame Parisot l'a dit, la grève ça coute je ne sais combien de milliards au patron, et faudrait donc pas que ça dure trop longtemps car ces pauvres exploiteurs n'auront plus les moyens pour mettre du carburant dans leurs yachts. Il serait regrettable d'en arriver à de telles extrémités. Bien, avec ce genre de raisonnement, on est pas prêt de faire la Révolution !
Malheureusement, c'est le premier constat que l'on peut faire après la journée du 19. J'entends pourtant de partout monter un satisfécit simpliste du genre, vous avez vu le nombre qu'on était dans la rue, plus que le 29 janvier, super, hein ! D'accord, c'était beau, et lorsque un tel déferlement humain déambule il y a de quoi se sentir satisfait, ça prend aux tripes et l'on se dit, voilà enfin, le peuple est en marche. Mais le seul problème qu'il y a, c'est que l'on ne sait pas vers quoi est-il en marche. Parce que si c'est comme cela qu'il a l'intention d'impressionner les patrons et le gouvernement, à mon avis, c'est un coup d'épée dans l'eau. D'ailleurs la bourse ne s'y est pas trompée car pendant que les syndicats crient une victoire d'apparence, elle, elle monte, ce qui en général n'est pas bon signe pour l'ouvrier.
Finalement, les gouvernants vont faire semblant d'être impressionnés, vont dire qu'ils ont conscience du mal-vivre, vont invoquer la crise comme bouc émissaire, peut-être que Sarkosy va encore se fendre d'un discours, et après…. Après il ne faut pas rêver ça va être tergiversations, la réunionite va de nouveau revenir à la mode, et tout cela pour quelques « mesurettes », sortes de cache misère. Portant c'est Parisot qui a donné la solution en gueulant déjà qu'une journée de grève coutait une fortune, à la limite, de la manif elle s'en fout. En tous cas, en fait de grève ce fut plutôt un raté.
Déjà après le 19 on avait pas trop insisté sur ce sujet comme si la manif avait seule été suffisante pour faire vaciller le pouvoir. Pourtant le nombre de grévistes n'avait pas été très significatif et le pire c'est que cette fois c'est presque catastrophique….
Je ne voudrais pas passer pour un censeur car je sais que la critique est facile mais l'art reste difficile. Néanmoins, à la première analyse il semblerait que l'on peut mettre cette désaffection vis-à-vis de la grève sur une certaine apathie des syndicats. Pour leur rendre un peu de justice, ce mal vient du fait aussi qu'ils maitrisent de moins en moins une masse salariale plus dispersée qu'à l'époque où il y avait encore de grand secteur industriel. Les entreprises de service par exemple étant plus difficiles à fédérer dans la revendication. Toutefois, il y a un problème quand on voit la mobilisation dans les transports, les profs et l'hôpital, où je suis allé faire une tour dans celle de ma région, cet après midi du 19, qui n'était nullement agité par la grève et les revendications. Pour tout dire je suis à peine surpris puisque j'avais reçu plusieurs courriels me signalant que la mobilisation était difficile. Cela c'est confirmé, que faire pour motiver les troupes ?
Car il ne faut pas rêver, le seul résultat patent sera quand la grève générale aura bloqué l'économie que Sarkozy et le Medef commenceront à s'intéresser aux revendications des travailleurs.
Ceci était une réflexion à chaud, je n'espère qu'une chose, c'est que je me suis trompé et que je n'attendrai pas de nouveau le mois de mai pour assister à un nouveau défilé inutile, servant simplement à donner bonne conscience à un monde endormi !
Ce n'est pas après demain, c'est demain, c'est tout de suite……
Sinon ce sera donner raison à Sarkozy : la grève on ne s'en aperçoit même pas !