Serions-nous à un point de non-retour
Serions-nous à un point de non-retour ?
Il ne s'agit pas d'être pessimiste, mais l'évolution intellectuelle de nos sociétés laisse sceptique, voire interrogateur ; que ce soit sur le sens philosophique et plus précisément sur la perception idéologique.
Non pas que l'on ait plus de brillants intellectuels. Je ne parle pas du spécialiste du botulisme, le boutonneux BHL, qui d'ailleurs tomberait à propos pour la suite de mon discours sur l'enfumage médiatique, mais de ceux qui s'évertuent à vouloir faire entendre, hors du formatage ambiant, une pensée différente. Non, ceux là existent encore et c'est heureux, mais malheureusement ils sont peu lus, peu écoutés, peu reconnus ou lors souvent que dans un microcosme particulier, et c'est pourquoi l'on assiste par ailleurs à une planification de la pensée des masses populaires ignorante de fait de la diversité idéologique. Car effet, le principe du consentement, doucement, insidieusement amené par la communication moderne, a formaté peu à peu les esprits, colonisé de manière unidirectionnelle la réflexion intellectuelle pour que le raisonnement s'oriente inconsciemment vers la pensée unique capitaliste.
Et ceci à tous les niveaux, en particulier en politique ou l'on assiste de plus en plus à du spectacle, à des incantations, à des discours superficiels qui n'engagent que peu leurs auteurs, qui souvent d'ailleurs oublieront sans vergogne et aussitôt quelques promesses fanfaronnes, pourtant clamées haut et fort.
La déformation des discours, des esprits, sont tels que même dans des partis se prétendant anticapitaliste, je pense au fantoche PG par exemple, à ceux qui autrefois se voulaient révolutionnaires comme le PCF, ils finissent par tomber dans la facilité électoraliste en s'alliant au deuxième tour des régionales avec le PS, et qui par conséquence cautionnent le système ; le tout avec de surcroit des arguties pour le moins fallacieuses comme celles proférées entre les deux tours par la presse dudit PG* : « Nous avons dit qu'en rassemblant la gauche de manière autonome au premier tour, on élargirait le périmètre de rassemblement au second tour dès lors que la volonté de cet électorat est respectée et non manipulée. », si ça, c'est pas de la langue de bois électoraliste ! Donc, la volonté est d'avoir des élus par tout les moyens, et qui vont s'accoquinés avec un PS défendeur des marchés, parce que le vrai problème est là, la dictature des marchés !
Et les réflexes conditionné continuent d'alimenter après les élections les propos des hommes politiques et des médias asservis puisque l'on entend un peu partout que la droite a pris une déculotté.
D'abord, la moitié des électeurs n'ayant pas daigné se déplacer, pour une élection néanmoins plus importante que l'on pourrait croire du fait de la future réforme territoriale, ce qui minimise le résultat. Et ensuite, si effectivement Sarkozy s'est fait secouer, ce qui n'a malgré tout rien changé à la suite de son programme destructeur, le grand gagnant de ces élections est le capitalisme représenté à cette occasion par sa composante sociale démocrate, le PS pro-européen à la mode ultralibérale. Il n'y a donc pas de quoi pavoiser, c'est bien une défaite pour le peuple ; peuple qui s'est réjouit du léger soufflet donné au fac-similé de Napoléon, raisonnement superficiel qui en fait n'est qu'une forme de consentement et de conditionnement lorsque l'on ne peut plus faire une synthèse vraiment éclairée pour sortir des apparences, à fortiori qui aurait pu être basée sur un développement idéologique dont on ne peut que constater qu'il est de plus en plus absent des grands débats de société.
Et ça continue avec la réforme sur les retraites pour lesquelles on sent peu de réactivité de la part de travailleurs qui pourtant vont se faire « entuber » de première.
Le consentement apporté par une médiatisation particulièrement orientée et sournoise à fait que dans l'esprit de beaucoup cette réforme était indispensable, et sous-entendu, que l'on ne pouvait faire autrement que de reculer l'âge de mise à la retraite, et ceci sous le fallacieux prétexte de la démographie et autres arguments tendancieux. Ce qui fait, qu'au lieu de s'opposer carrément à un projet inique, beaucoup commencent déjà à discuter des modalités et des aménagements de l'évolution du système ; d'autant que prévoir des taux de croissance et un PIB aléatoire à l'horizon 2050 alors que l'on n'a même pas été capable de prévoir la crise un an avant cela ressemble fort aux élucubrations de Madame Soleil.
Cela va des syndicats qui sont de plus en plus sous l'éteignoir, à la vraie gauche qui tergiverse, sans oublier le PS qui est pour l'allongement, n'oublions pas aussi que l'égérie du Poitou, S. Royal, avait même émis l'idée de fonds de pension collectifs, -projet toujours en fermentation chez certains socialistes. Si…, pour masquer leur duplicité et noyer le poisson, ils envoient sur le devant de la scène un faire-valoir, Filoche, qui par de grandes théories médiatisées crée un écran de fumée sur la réalité du projet socialiste.
Et voilà, une nouvelle fois on brasse de l'air avec des discours trompeurs qui vont nous cacher la réalité, celle de la gouvernance mondiale par le capitalisme, gouvernance qui pour beaucoup ne se discute même pas, pensent-t-ils seulement à la contester tant elle leur parait incontournable et qu'il ne peut y avoir, dans leurs esprits, d'autres solutions ?
Il y a aussi un autre domaine où le consentement autour du capitalisme est chaque jour de plus en plus imprégné, c'est l'écologie. Ecologie qui maintenant est prétexte à créer de nouvelles formes de productivisme, à l'ouverture de nouveaux marchés particulièrement juteux pour lesquels le travailleur sera encore exploité, voire esclavagé.
On le voit dans le monde agricole où l'agro-business productrice d'éthanol, d'amidon, de prétendues biomasses, de méthanisation industrielle, va finir par détruire la vraie agriculture paysanne et qui pourtant, avec des aides particulières, pourrait devenir l'agriculture biologique de demain. Et bien non, l'obsession est la PAC à tout prix pour subventionner des céréaliers qui exporteront vers des pays où l'on va détruire l'agriculture locale par une concurrence déloyale. Mais de ces dommages collatéraux dus à la liberté des marchés on en parle peu, on est dans le système, alors on se bat alors pour la PAC afin de pérenniser le productivisme dévastateur qui en détruisant l'agriculture des pays les plus pauvres favorise l'immigration vers ceux qui les ont mis dans la panade, pays développés qui aussitôt arrivés virent les émigrants manu-militari.
Et le formatage va continuer avec les présidentielles. Médiatisation des candidats, va-t-il être question de remettre totalement le système en cause. Peut-être que par miracle, il se pourrait que quelqu'un émette qu'il serait judicieux de faire table rase du capitalisme, ce qui voudrait dire qu'il n'y aurait plus de système boursier, plus de bourse pour alimenter la soif de profit des spéculateurs. On imagine le tollé, mais qu'est-ce qu'on va mettre à la place !!!
Pourtant, les spéculateurs et les banquiers font de plus en plus la pluie et le beau temps, il n'y a qu'à demander au peuple grec ce qui lui pend au nez ; mais ce peuple, a-t-il compris que c'est intrinsèquement le système capitaliste l'unique responsable et qu'il faut l'éradiquer pour avoir une vraie survie ; ce n'est pas les socialistes grecs qui vont pousser dans ce sens, ils sont aussi inféodés et formatés à la concurrence libre et non faussée que ceux de France, c'est tout dire.
Je crois qu'il est inutile de remuer la désillusion qu'a apporté un 1er mai ayant perdu tout son sens mobilisateur. Il est l'image même de l'apathie engendré par le consentement. Seuls quelques irréductibles au conditionnement actuel ont répondu présents en manifestant leurs mécontentements, en somme, un petit tour « banderolé » pour la forme, à l'instar de ceux qu'organisèrent des syndicats ne remettant pas profondément en cause l'hégémonie capitaliste. Sans doute y a-t-il là aussi l'une des réponses à l'endormissement général, on va vers une syndicalisation à l'américaine et c'est probablement le pire qui puisse nous arriver, on sera alors complètement intégré dans le système….
Même la grève a perdu son aspect revendicatif et surtout son concept politique. Elle doit être consensuelle, ne pas faire de vague, et surtout elle doit être cantonnée à des raisons particulières et sectorielles afin de ne pas avoir un quelconque sens politique, ce que beaucoup approuvent, quant ce n'est pas qu'ils montrent à son encontre un total désintérêt. Souvent caché d'ailleurs sous de faux prétextes comme celui que ça fait sauter une journée de salaire, salaire qui pourtant est le la raison de la revendication dans la plupart des cas. L'individualisme voulu par la pensée unique capitalisme, absorbée consciemment ou inconsciemment, mène à se genre d'attitude et annihile tout sentiment contestataire. D'ailleurs si cela va jusqu'au chômage, la prime de licenciement est là pour atténuer considérablement les injustices du système et rend en apparence plus acceptable l'inacceptable lorsqu'il s'agit de délocalisation, pour ne citer que cet exemple. Alors, on accepte en rouspétant d'être la variable d'ajustement du capital, et c'est tout…
Eh oui, l'imaginaire est tellement conditionné qu'il n'est pas concevable pour beaucoup que l'on puisse faire autre que d'accréditer la pensée unique capitaliste, il y a un vide sidéral du concept idéologique, et ceci parmi toutes les catégories sociales.
Si l'on doit faire de la politique, il faut commencer par sortir du préconçu, après, tout est permis, ce n'est que comme cela que nos sociétés iront vers le bien-être.
* Tiré d'un article de Vincent Cheynet, Jean-Luc Mélenchon, l'écotartufe du mois (La Décroissance du mois de mai)
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