Le culte de la personnalité
Le culte de la personnalité
Si je ne conteste pas, au contraire, cette prise de position éclairée d'une personnalité du septième art, par contre je reste assez dubitatif sur la façon dont le journaliste du nouvel'Obs a présenté l'événement. Avec ce titre « effet d'annonce » autour de la personne de celui qui est souvent le porte-parole du NPA, on aurait dit que Loach assurait la promotion d'une star de la politique, et non celle d'un parti porteur d'idéaux. Je sais, OB, s'est fait un nom et même un acronyme en étant très souvent sur le devant de la scène, cela est du qu'étant l'un des plus médiatiques de son parti celui-ci l'a utilisé à bon escient. Mais cela normalement ne devrait en rester qu'à ça, et ne devrait pas faire la « Une » autour d'un titre qui se veut accrocheur et qui ne sert que la politique-spectacle. C'est faire passer la communication avant le débat d'idée.
La politique-spectacle n'étant que le corolaire du spectacle politique il se pose à nous le fait de savoir pourquoi l'on s'intéresse plus à l'image qu'à la pensée finale. Pourquoi les préférences vont vers celui qui a le plus de bagout ne brassant que des généralités, des lieux communs, des faux-semblants au détriment de celui qui est porteur de véritables paroles étayées dans un concept philosophique et sociétal au service de l'individu. N'y aurait-il donc en politique que le hâbleur beau parleur qui ferait recette chez le citoyen lambda et ne serait laissé qu'aux soi-disant intellectuels le débat de fond. Si je schématise à l'extrême pour affirmer ce propos, c'est que le manque d'intérêt de l'opinion, en générale, pour la vraie politique est criant, néfaste à nos sociétés et malheureusement volontairement entretenu par des dirigeants qui cachent sous des apparats des réalités qui ne sont pas au service des peuples. Donc la politique-spectacle est une mascarade aidant les exploiteurs à encore plus esclavager un exploité endormi par le chant des sirènes.
Guy Debord écrivait à ce propos au 23 de « La société du spectacle » : « C'est la plus vieille spécialisation sociale ; la spécialisation du pouvoir, qui est la racine du spectacle. Le spectacle est ainsi une activité spécialisée qui parle pour l'ensemble des autres. C'est la représentation diplomatique de la société hiérarchisée devant elle-même, où toute autre parole est bannie. La plus moderne y est aussi la plus archaïque. »
Comme souvent, cela favorise les individus à forte personnalité qui naturellement se délectent dans le culte de la personnalité. Le système électoral français favorise d'ailleurs cela avec l'élection du président de la république à deux, où l'on assiste souvent à des débats d'une platitude soporifique, sans véritable remise en cause idéologique de nos sociétés ce qui serait moins flagrant avec une confrontation à plusieurs candidats. Le système, déjà, favorise la politique spectacle comme une sorte de trompe l'œil médiatiquement orchestré pour ne pas réveiller les consciences. Si, parfois, un candidat s'énerve, je pense particulièrement à une nullité qui a cru bon de se fâcher au dernières présidentielles pour faire semblant d'animer le débat, mais c'est toujours que de la poudre aux yeux et cela restera tant que la médiatisation ne s'attachera pas à l'essentielle. Pour tout dire, c'est tout juste si par une sorte de stratagème elle n'en pas fait pipi dans sa culotte et montrer avec ostentation le résultat de la contrariété à la camera, le clou…du spectacle. Voilà, à quoi la politique ressemble de nos jours.
De surcroit il faut dire qu'en France on est bien servit à ce sujet avec le guignol qui nous sert de Chef d'Etat. Omniprésent devant les caméras ce menteur patenté passe son temps à médiatiser son action. Il en est même venu à rajouter tics et mouvements désordonnés à une faconde populiste et vulgaire dont il se sert pour faire peuple. Etonnante image de marque car le peuple dans son ensemble s'exprime de façon différente et souvent de manière plus châtiée, sa façon de s'exprimer et plus celle des voyous de bas étages que celle du commun de ses concitoyens. Comme le personnage est d'un égo surdimensionné, il entretient donc un culte de la personnalité qui frise l'obscène et qui mène sur le chemin de la dictature. Mais ce qui est le plus grave c'est que les médias sont complètement partie prenante dans l'exacerbation de ce culte de la personnalité, et le discours politique, la politique n'est plus que spectacle et qui plus est, de mauvaise qualité.
C'est donc pour cela que je m'étais offusqué du titre de l'article car il ne va pas dans le sens du débat d'idées. Il est donc important de ramener la politique au niveau de tous, pour tous, même si certains qui ont vocations de leader auront tendance à émerger du lot, cela doit être et rester la chose du peuple dans le sens noble du terme, et non une sorte de mascarade servant et cachant les turpitudes d'une prétendue élite qui n'a d'intérêt et de compte à rendre qu'au capitalisme.
C'est pourquoi lorsque j'entends des récriminations électoralistes qui ne tiennent aucunement compte de l'apport idéologique de fond, je cris halte à l'obsession électorale qui conduit au culte de la personnalité. Privilégions le débat le dialogue et donnons quand il le faut des responsabilités à ceux qui sont aptes, sans que cela soit un blanc sein ouvrant la porte à une future carrière politico-professionnelle qui détacherait celui-ci de la cause première. Nous sommes un ensemble où chaque pierre est différente mais où chaque pierre a besoin de l'autre pour être la route qui mène au bonheur des peuples.
Humble de nos sentiments, humble de nous même chacun nous sommes, humble parmi les humbles nous resterons…
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