Hirsch, prosélyte ou laïc ?
Ce
propos n'a aucunement pour but de faire un procès d'intention à Martin
Hirsch, d'autant que les constations qui m'ont amené à avoir des
suspicions sur la parfaite partialité d'esprit de ce monsieur
pourraient aussi y inclure l'ineffable Christine Boutin. Seulement
voilà, Hirsch s'occupe plus particulièrement de la jeunesse, donc une
matière malléable, c'est pourquoi je me suis intéressé à lui.
Je
vais probablement en faire hurler plus d'un, mais je considère la
charité organisée, médiatisée, plus particulièrement celle qui est
confessionnelle comme un cache misère servant d'alibi à un système ne
répondant pas, et ceci en toute connaissance de cause, aux désidératas
du peuple et surtout à la misère des couches les plus défavorisées de
nos sociétés. A tel point d'ailleurs que les œuvres caritatives se
trouvent dans une situation absolument hallucinante avec la crise car
elles reçoivent de moins en moins de dons alors que le nombre de
précaires et de miséreux augmentent exponentiellement. On s'aperçoit là
de l'aberration du système. Sans parler de la dégoulinante charité
biseness, hyper médiatisée, à l'image du show des restos du cœur, du
téléthon, j'en passe et des meilleurs, qui me donnent des haut-le-cœur
tant il indécent de faire appel sur l'air des lampions à la charité
publique alors que ces problèmes qu'elles tentent d'estomper sont, du
moins devraient être, de la responsabilité de la collectivité et
surtout de l'état. Vous me direz, eux au moins ils font quelque chose !
Piètre consolation, qui ne résout rien, et qui de plus cache la
réalité. A tel enseigne que lorsque Coluche fonda les restos du cœur
son sentiment était que cela serait provisoire, le pauvre ne saura
jamais que nombre d'années après il faille encore faire un récital de
chanteurs payant ISF pour faire rentrer du pognon afin de nourrir les
plus pauvres.
Donc,
si je ne jette pas inconditionnellement la pierre à ceux qui font
quelques efforts pour soulager la misère humaine, je leur ferais
remarquer toutefois qu'il y a d'autres combats plus justifiés qui eux
sont primordiaux pour enrayer le mal vivre. C'est par là, en mettant sa
notoriété au service de la destruction du capitalisme par exemple, que
l'on peut aller vers la disparition des inégalités.
La
charité confessionnelle n'échappe pas à ce constat et de plus y
associe, s'appuie sur le religieux qui va puiser là avec ostentation
une sorte de bonne conscience. C'est probablement le principe le plus
hypocrite, dont l'église catholique est coutumière et le meilleur
exemple, qui le plus souvent sous couvert de l'aide apportée en profite
pour promouvoir une foi allégorique. Qu'on le veuille ou non, cela
s'appelle du prosélytisme. J'entends déjà les naïfs s'écrier, oui mais
l'abbé Pierre, sœur Emmanuelle, sont des cas particuliers dans l'église
et leurs positions n'est pas dans la droite ligne d'un œcuménisme bien
marqué. Certes, mais c'est là que ces francs-tireurs sont intéressants
pour l'image de marque de l'église qui peut afficher ainsi un
pluralisme de bon aloi à la face du monde. Tromperie qui laisse
l'illusion d'un monde de bonté et de tolérance que quelques faux
marginaux servent à merveille. D'ailleurs les mêmes naïfs me dirons :
« Oui, mais chez Emmaüs c'est pas pareil tout le monde peut venir, sans
distinction de religion ou autre et il n'est pas question de
conversion! ». C'est l'apparence que cela donne car déjà le nom
d'Emmaüs ne peut échapper à sa référence biblique, qui de plus est
associé à communauté. Donc insidieusement le religieux s'introduit par
la force des choses parmi les membres de la communauté. Si le
prosélytisme n'est pas ouvertement affiché, il est de toute évidence
rampant. Rien d'étonnant, ces gens là sont coutumiers de ce genre
d'attitude ou ils s'abrogent des qualités et des droits usurpés. Il m'a
d'ailleurs été donné de lire récemment sous la plume d'un missionnaire
qu'il était un éducateur, ce qui m'a fait bondir, car enseigner le
catéchisme n'est pas à ce que je sache un acte éducatif mais celui d'un
prosélyte. C'est donc dans ce petit monde que Hirsch avait sévi pendant
un certain temps avant de devenir Haut commissaire à la jeunesse, et
c'est cela qui m'inquiète.
Déjà
il nous avait gratifié d'un RSA qui n'est qu'une fausse bonne idée et
dont on s'aperçoit que sa mise en place est en train plus ou moins de
foirer. Comme son patron, pas rebuté par la dureté de la tache, ce
monsieur qui est fertile en innovations à l'image de son mentor va donc
s'attaquer aux problèmes récurrents de la jeunesse avec un programme
baptisé F.O.R.C.E. S.
Forces : F pour formation, 0 pour orientation, R pour ressources et résidence, C pour citoyenneté et culture, E pour emploi, S pour santé. C'est le programme pour la jeunesse avec,
autour de la table, soixante personnes. Partenaires sociaux,
collectivités locales, confédérations étudiantes, associations de
jeunes.
Je
ne doute pas que les participants vont être triés sur le volet, la
question se pose : sur quel volet et quels critères pour l'ensemble et
particulièrement pour : « citoyenneté et culture » qui sont des sujets
délicats où le mélange des genres avec un choix idéologique
mis au service de la Laïcité positive à la Sarkozy. On se souvient du
dérapage verbale et nauséabond de l'intronisé du Latran …
Dans
la transmission des valeurs et dans la différence entre le bien et le
mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé,
même s'il est important qu'il s'en rapproche, parce qu'il lui manquera
toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un
engagement porté par l'espérance. ».
Donc
avec le passé de Monsieur Hirsch, le déviationnisme de son patron, je
suis dubitatif sur le plein respect de la laïcité que l'on voudra
inculquer aux jeunes, connaissant leurs façons de faire il se pourrait
que la Laïcité fût dévoyée…
Restons
vigilant car si Force dans son ensemble est seulement un effet
d'annonce comme c'est souvent le cas avec les innovations de Sarkozy,
il n'en reste pas moins que l'on pourrait assister à des atteintes à la
Laïcité par le biais de ce programme, et c'est sans doute la seule
chose à travers des faux-semblants qui ne sera pas une allégorie !