Le Ragondin Furieux

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Un chemin de plus vers la liberté en Amérique latine, le Venezuela privilégie l'école Laïque !

Un chemin de plus vers la liberté en Amérique latine, le Venezuela privilégie l'école Laïque !

 

Alors que le religieux étend sa prédominance entre autre dans la vieille Europe et en particulier dans l'éducation. La France en étant l'exemple parfait avec le glissement de l'école laïque au profit du privé où l'école confessionnelle y a bonne part. Le Venezuela, par contre sous l'égide d'un Chavez néanmoins très croyant, fait le chemin opposé en privilégiant la laïcité, ce qui est tout à son honneur. Cependant, la religion qui n'aime pas que l'on empiète sur ses prérogatives ne voit pas d'un bon œil la nouvelle loi sur l'éducation, c'est le moins que l'on puisse dire. Malgré cela, le message de Chavez est un message d'espoir pour ceux qui sont épris de liberté….

 

"La loi sur l'éducation adoptée par le Venezuela est une loi laïque"

 

Par Jean-Jacques Kourliandsky

 

Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherche à l'IRIS sur les questions ibériques

 

Depuis quelques semaines, le Venezuela est traversé par un mouvement de contestation contre la loi sur l'éducation, adoptée dans la nuit du 13 au 14 août. L'opposition, l'Eglise et une partie du corps enseignant dénoncent respectivement l'endoctrinement, l'anticléricalisme et la fin de l'autonomie des universités. Le pouvoir et ses soutiens parlent d'éducation nationale, de laïcité et d'égalité. Décryptage avec Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne).

 

Que traduit cette polarisation sur la réforme de l'éducation alors que Hugo Chavez nous a jusqu'à maintenant habitués à occuper le terrain de la politique étrangère ?

 

Jean-Jacques Kourliandsky : Au Venezuela, les choses ne sont jamais sereines et tous les projets de lois gouvernementaux donnent lieu à de très fortes polarisations politiques entre l'opposition et la majorité. Les réactions qui ont été provoquées par la loi organique de l'éducation, (LOE), sont en continuité avec tout ce que l'on connaît du Venezuela depuis l'arrivée au pouvoir du colonel Hugo Chavez. Il n'y a pas d'éléments novateurs, politiquement parlant, dans le débat vénézuélien propre à cette loi. Nous sommes dans une normalité, de grande "conflictivité" entre les oppositions et le gouvernement. Il se trouve que le sujet porte cette fois sur l'éducation mais il aurait pu porter sur la politique étrangère, le social ou l'énergie.

 

S'agit-il d'une crise des élites, partagées entre le camp de la tradition libérale et conservatrice et celui plus progressiste et sensible aux messages du régime chaviste ?

 

Il y a de la part de certaines élites traditionnelles du Venezuela comme dans d'autres régions de l'Amérique latine une suspicion à l'égard de tous ceux qui veulent donner une impulsion plus sociale à la politique. Pour tout gouvernement qui souhaite gérer le pays à l'européenne, il y a une accusation immédiate de totalitarisme, de communisme. Ce sont les arguments que l'on retrouve au Venezuela et au Honduras pour contester ce type de gouvernement, même s'il est issu d'une élection. C'est le même type de critique que l'on retrouve chez ceux qui sont contre cette loi. C'est une objection globale de principe. Cela dit, les pro comme les anti-Chavez manifestent sans problème dans les rues de Caracas, ce vendredi 21 août.

 

Et que faites-vous des manifestants blessés ?

 

Je n'ai pas vu les dernières dépêches. Ce que je sais c'est que des journalistes ont été agressés la semaine dernière. Les auteurs des agressions ont été arrêtés. Je ne sais pas ce qui s'est passé de façon précise, ni qui a commencé, et je ne connais pas les circonstances de ces arrestations.

Est-ce que la révolution néo-bolivarienne passe par le contrôle du savoir, des esprits et des élites ? L'opposition dénonce l'endoctrinement des universités, l'Eglise accuse le pouvoir de poussée anticléricale et le corps enseignant, de fin de l'autonomie des universités.

 

Il y a toujours une boursouflure du langage au Venezuela. Les mots perdent leur sens, comme le mot "révolution" employé par les deux camps, sans que cela reflète un véritable contenu répondant à ce que l'on peut se faire comme idée d'une révolution. La loi organique en elle-même, cinquante articles, est une loi qui encadre l'éducation nationale vénézuélienne. C'est une loi laïque. Est-ce que la laïcité est révolutionnaire et antireligieuse ? En France, cela nous renvoie à des débats au début du XXe siècle. Cette loi vénézuélienne s'inscrit dans le cadre de la laïcité. Les collèges religieux vont pouvoir fonctionner, les cours d'éducation religieuse ne seront pas intégrés dans les cursus de l'enseignement général mais sur option, comme en France. On pense à la religion catholique, majoritaire au Venezuela, mais cette forme de réorganisation de l'enseignement religieux dans les institutions privées concernera d'autres religions, comme les écoles juives.

 

Un autre élément de la loi peut être qualifié de progressiste dans la mesure où l'enseignement est obligatoire, gratuit et garantit la justice sociale, l'équité, la tolérance, le respect des valeurs multiculturelles, interculturelles. Ce sont des choses qu'on trouve dans de nombreux pays européens. C'est quelque chose de progressiste, un enseignement généralisé à tous les enfants, conformément à la Constitution vénézuélienne. Cela n'a rien de révolutionnaire pour un Européen mais dans le contexte vénézuélien, cela peut-être considéré comme une loi étatiste, ce que disent d'ailleurs les critiques.

 

Et la référence au bolivarisme, c'est une différence notoire…

 

Le troisième élément effectivement, qui différencie la loi de ce que l'on connaît en Europe, c'est une loi qui a une vocation bolivarienne, qui se définit comme nationaliste. Il y a dans les objectifs de l'enseignement des éléments qui le rappellent. Il y a le point particulier de l'enseignement dans les zones frontières. Il y a aussi un article qui va avoir une incidence sur l'enseignement privé, selon moi, c'est l'obligation d'assurer l'enseignement en espagnol. Cela veut dire qu'au Venezuela comme dans de nombreux Etats d'Amérique latine, les élites mettent leurs enfants dans les collèges anglophones. Il y aura donc une nécessité pour ces collèges anglophones d'adapter le cœur de l'enseignement défini comme obligatoire en espagnol. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. C'est un élément qui répond à l'esprit de l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez. C'est une loi qui doit mettre en valeur cet aspect particulier.

 

Ces références à Bolivar constituent un approfondissement de quelque chose qui existait déjà avant l'arrivée d'Hugo Chavez au pouvoir. Bolivar est un héros national pour tous les Vénézuéliens. C'est le personnage fondateur de la République. A la fin des années 1970, le pouvoir de l'époque, aujourd'hui l'opposant anti-Chavez, avait pris la décision d'introduire l'enseignement de la pensée de Bolivar dans les écoles du pays.

 

Que reste-t-il comme recours à l'opposition pour empêcher la promulgation et l'application de cette loi ? A priori, pas grand-chose, vu que le pouvoir est verrouillé par les chavistes.

 

Le problème de l'opposition est qu'elle est si radicale qu'elle s'oppose à tout et de façon excessive. Elle n'est pas présente au Parlement car elle a boycotté les dernières élections législatives. C'est un mode de fonctionnement qui doit être remis en question, plus que les décisions prises par le gouvernement, qui sont ce qu'elles sont. L'opposition n'a pas de stratégie adaptée, par rapport à la politique du gouvernement. C'est une opposition éclatée, allant de l'extrême gauche à la droite conservatrice. Le recours dans ce genre de situation, le seul dénominateur commun, c'est de dire non à tout. Ce qui n'est pas très mobilisateur pour les opposants à Hugo Chavez.

 

Y a-t-il des incidences régionales et diplomatiques dans ce bras de fer entre le pouvoir et l'opposition ?

 

A l'époque du président Bush, la politique américaine consistait à soutenir l'opposition anti-Chavez. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas avec Obama. Côté européen, il y avait eu à l'époque du premier ministre espagnol, Aznar, un soutien à l'opposition anti-Chavez. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le ministre des affaires étrangères espagnol a fait récemment une visite chaleureuse à Caracas, au cours de laquelle, il a signalé que si un certain nombre de choses pouvait être critiqué au Venezuela, il y en a une qu'il faut admettre c'est que le pouvoir vénézuélien actuel se soumet à des consultations électorales dont les résultats ne sont pas contestés. Cela n'empêchera pas qu'il existe des polémiques et des conflits entre le Venezuela et ses voisins, dans lesquels l'opposition anti-Chavez n'a d'ailleurs pas de rôle particulier.

 

Propos recueillis par Gaïdz Minassian,

 

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/08/27/la-loi-sur-l-education-adoptee-par-le-venezuela-est-une-loi-laique_1230837_3222.html ?xtor=AL-32280259

 

Alors que le religieux étend sa prédominance entre autre dans la vieille Europe et en particulier dans l'éducation. La France en étant l'exemple parfait avec le glissement de l'école laïque au profit du privé où l'école confessionnelle y a bonne part. Le Venezuela, par contre sous l'égide d'un Chavez néanmoins très croyant, fait le chemin opposé en privilégiant la laïcité, ce qui est tout à son honneur. Cependant, la religion qui n'aime pas que l'on empiète sur ses prérogatives ne voit pas d'un bon œil la nouvelle loi sur l'éducation, c'est le moins que l'on puisse dire. Malgré cela, le message de Chavez est un message d'espoir pour ceux qui sont épris de liberté….

 

"La loi sur l'éducation adoptée par le Venezuela est une loi laïque"

 

Par Jean-Jacques Kourliandsky

 

Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherche à l'IRIS sur les questions ibériques

 

Depuis quelques semaines, le Venezuela est traversé par un mouvement de contestation contre la loi sur l'éducation, adoptée dans la nuit du 13 au 14 août. L'opposition, l'Eglise et une partie du corps enseignant dénoncent respectivement l'endoctrinement, l'anticléricalisme et la fin de l'autonomie des universités. Le pouvoir et ses soutiens parlent d'éducation nationale, de laïcité et d'égalité. Décryptage avec Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne).

 

Que traduit cette polarisation sur la réforme de l'éducation alors que Hugo Chavez nous a jusqu'à maintenant habitués à occuper le terrain de la politique étrangère ?

 

Jean-Jacques Kourliandsky : Au Venezuela, les choses ne sont jamais sereines et tous les projets de lois gouvernementaux donnent lieu à de très fortes polarisations politiques entre l'opposition et la majorité. Les réactions qui ont été provoquées par la loi organique de l'éducation, (LOE), sont en continuité avec tout ce que l'on connaît du Venezuela depuis l'arrivée au pouvoir du colonel Hugo Chavez. Il n'y a pas d'éléments novateurs, politiquement parlant, dans le débat vénézuélien propre à cette loi. Nous sommes dans une normalité, de grande "conflictivité" entre les oppositions et le gouvernement. Il se trouve que le sujet porte cette fois sur l'éducation mais il aurait pu porter sur la politique étrangère, le social ou l'énergie.

 

S'agit-il d'une crise des élites, partagées entre le camp de la tradition libérale et conservatrice et celui plus progressiste et sensible aux messages du régime chaviste ?

 

Il y a de la part de certaines élites traditionnelles du Venezuela comme dans d'autres régions de l'Amérique latine une suspicion à l'égard de tous ceux qui veulent donner une impulsion plus sociale à la politique. Pour tout gouvernement qui souhaite gérer le pays à l'européenne, il y a une accusation immédiate de totalitarisme, de communisme. Ce sont les arguments que l'on retrouve au Venezuela et au Honduras pour contester ce type de gouvernement, même s'il est issu d'une élection. C'est le même type de critique que l'on retrouve chez ceux qui sont contre cette loi. C'est une objection globale de principe. Cela dit, les pro comme les anti-Chavez manifestent sans problème dans les rues de Caracas, ce vendredi 21 août.

 

Et que faites-vous des manifestants blessés ?

 

Je n'ai pas vu les dernières dépêches. Ce que je sais c'est que des journalistes ont été agressés la semaine dernière. Les auteurs des agressions ont été arrêtés. Je ne sais pas ce qui s'est passé de façon précise, ni qui a commencé, et je ne connais pas les circonstances de ces arrestations.

Est-ce que la révolution néo-bolivarienne passe par le contrôle du savoir, des esprits et des élites ? L'opposition dénonce l'endoctrinement des universités, l'Eglise accuse le pouvoir de poussée anticléricale et le corps enseignant, de fin de l'autonomie des universités.

 

Il y a toujours une boursouflure du langage au Venezuela. Les mots perdent leur sens, comme le mot "révolution" employé par les deux camps, sans que cela reflète un véritable contenu répondant à ce que l'on peut se faire comme idée d'une révolution. La loi organique en elle-même, cinquante articles, est une loi qui encadre l'éducation nationale vénézuélienne. C'est une loi laïque. Est-ce que la laïcité est révolutionnaire et antireligieuse ? En France, cela nous renvoie à des débats au début du XXe siècle. Cette loi vénézuélienne s'inscrit dans le cadre de la laïcité. Les collèges religieux vont pouvoir fonctionner, les cours d'éducation religieuse ne seront pas intégrés dans les cursus de l'enseignement général mais sur option, comme en France. On pense à la religion catholique, majoritaire au Venezuela, mais cette forme de réorganisation de l'enseignement religieux dans les institutions privées concernera d'autres religions, comme les écoles juives.

 

Un autre élément de la loi peut être qualifié de progressiste dans la mesure où l'enseignement est obligatoire, gratuit et garantit la justice sociale, l'équité, la tolérance, le respect des valeurs multiculturelles, interculturelles. Ce sont des choses qu'on trouve dans de nombreux pays européens. C'est quelque chose de progressiste, un enseignement généralisé à tous les enfants, conformément à la Constitution vénézuélienne. Cela n'a rien de révolutionnaire pour un Européen mais dans le contexte vénézuélien, cela peut-être considéré comme une loi étatiste, ce que disent d'ailleurs les critiques.

 

Et la référence au bolivarisme, c'est une différence notoire…

 

Le troisième élément effectivement, qui différencie la loi de ce que l'on connaît en Europe, c'est une loi qui a une vocation bolivarienne, qui se définit comme nationaliste. Il y a dans les objectifs de l'enseignement des éléments qui le rappellent. Il y a le point particulier de l'enseignement dans les zones frontières. Il y a aussi un article qui va avoir une incidence sur l'enseignement privé, selon moi, c'est l'obligation d'assurer l'enseignement en espagnol. Cela veut dire qu'au Venezuela comme dans de nombreux Etats d'Amérique latine, les élites mettent leurs enfants dans les collèges anglophones. Il y aura donc une nécessité pour ces collèges anglophones d'adapter le cœur de l'enseignement défini comme obligatoire en espagnol. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. C'est un élément qui répond à l'esprit de l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez. C'est une loi qui doit mettre en valeur cet aspect particulier.

 

Ces références à Bolivar constituent un approfondissement de quelque chose qui existait déjà avant l'arrivée d'Hugo Chavez au pouvoir. Bolivar est un héros national pour tous les Vénézuéliens. C'est le personnage fondateur de la République. A la fin des années 1970, le pouvoir de l'époque, aujourd'hui l'opposant anti-Chavez, avait pris la décision d'introduire l'enseignement de la pensée de Bolivar dans les écoles du pays.

 

Que reste-t-il comme recours à l'opposition pour empêcher la promulgation et l'application de cette loi ? A priori, pas grand-chose, vu que le pouvoir est verrouillé par les chavistes.

 

Le problème de l'opposition est qu'elle est si radicale qu'elle s'oppose à tout et de façon excessive. Elle n'est pas présente au Parlement car elle a boycotté les dernières élections législatives. C'est un mode de fonctionnement qui doit être remis en question, plus que les décisions prises par le gouvernement, qui sont ce qu'elles sont. L'opposition n'a pas de stratégie adaptée, par rapport à la politique du gouvernement. C'est une opposition éclatée, allant de l'extrême gauche à la droite conservatrice. Le recours dans ce genre de situation, le seul dénominateur commun, c'est de dire non à tout. Ce qui n'est pas très mobilisateur pour les opposants à Hugo Chavez.

 

Y a-t-il des incidences régionales et diplomatiques dans ce bras de fer entre le pouvoir et l'opposition ?

 

A l'époque du président Bush, la politique américaine consistait à soutenir l'opposition anti-Chavez. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas avec Obama. Côté européen, il y avait eu à l'époque du premier ministre espagnol, Aznar, un soutien à l'opposition anti-Chavez. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le ministre des affaires étrangères espagnol a fait récemment une visite chaleureuse à Caracas, au cours de laquelle, il a signalé que si un certain nombre de choses pouvait être critiqué au Venezuela, il y en a une qu'il faut admettre c'est que le pouvoir vénézuélien actuel se soumet à des consultations électorales dont les résultats ne sont pas contestés. Cela n'empêchera pas qu'il existe des polémiques et des conflits entre le Venezuela et ses voisins, dans lesquels l'opposition anti-Chavez n'a d'ailleurs pas de rôle particulier.

 

Propos recueillis par Gaïdz Minassian,

 

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/08/27/la-loi-sur-l-education-adoptee-par-le-venezuela-est-une-loi-laique_1230837_3222.html ?xtor=AL-32280259



08/09/2009
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