Le Ragondin Furieux

Le Ragondin Furieux

Travail, Famille, Patrie.

Travail, Famille, Patrie

Travail, Famille, Patrie!


Dans les deux précédents articles j'avais libellé le titre différemment : « Honneur, Famille, Patrie ». En m'inspirant de la devise des parachutistes, si je ne me trompe, je mettais l'accent sur le coté dérisoire parfois de tel slogan. Cependant celui affiché n'est pas de mon fait non plus, et pour cause, il est apparu dans des circonstances troubles et pénibles pour lesquelles la mémoire du peuple français ne peut aucunement s'enorgueillir, et il se trouve qu'est remis au gout du jour le lieu où a éclos cet emblème.

Eh oui, Vichy revient à la mode. Non pas que l'on remette particulièrement l'accent sur le bienfait des cures thermales, mais dans cette cité d'où furent, pendant l'occupation allemande, fermentées des idées au service de la xénophobie à la française, bien à l'insu de cette ville d'ailleurs, va avoir lieu le sommet européen sur l'immigration, les 3 et 4 novembre. Curieux symbole que nous offre là le peu engageant Hortefeux ! Ce repaître dans la fange du coté nauséabond de notre passé au point d'y associer les autres européens pour un sujet tout aussi scabreux, c'est avoir une conception un peu particulière de notre histoire.

Justement, parlons de l'Histoire puisqu'elle est à l'ordre du jour ! Darcos, le collègue à l'admirateur de Laval, a eu une idée de génie en proposant que se soient les élus qui façonnent les programmes d'histoire ! Faut quand même manquer totalement de bon sens ou avoir l'esprit particulièrement tortueux pour concevoir une telle idée. Mais je pencherai plutôt pour la seconde solution car dans le contexte actuelle avec une droite réactionnaire, catho, à la limite parfois du fascisme, et qui est majoritaire dans les deux assemblées, on subodore l'orientation intellectuelle que prendraient les manuels d'Histoire. Encore une initiative de ce gouvernement qui conditionnerait peu à peu le peuple vers le bien fondé d'un pouvoir absolu que l'on voit se dessiner au jour le jour autour de la personne du Chef de l'Etat.

Serait donc fait abstraction de pans de notre histoire. D'ailleurs à l'occasion du 11 novembre qui approche, en souvenir de tous les prolétaires qui se sont entretuer à la gloire du capital, dont le dernier nous a quitter récemment, je rappellerai quelques faits de la grande hécatombe que l'on a parfois tendance à oublier car le bien-pensé préfère ne pas les ébruiter. C'est pourquoi qu'il ne faut pas que l'on laisse manipuler notre histoire.

L'on se souvient de la chanson : « C'est à Craonne, sur le plateau… ». La boucherie inutile du chemin des Dames amena la contestation dans les deux camps. Attaque, contre attaque, ordres insensés, tout y fut pour ouvrir le chemin de la révolte.

Officiellement, c'est le 17 avril 1917 que l'on a recensé les premiers mutins de l'Armée française, environ 230 si l'on en croit ce que l'on a bien voulu dire ; ou taire ! Déjà, quelques jours avant, certains avaient cassé la gueule à leur officier et refusé d'aller se faire tuer pour reprendre quelque cent mètres de tranchée ou bien une casemate déjà à moitié rasée, pris et repris l'avant-veille, repris et pris la veille par l'un ou par l'autre des deux antagonistes. Finalement, les historiens avancent le nombre approximatif de quarante mille rouspéteurs, contestataires, rebelles, mutins, à mi-mai 17. On est loin des chiffres officiels !

Le 15 mai, pour régler ce problème, Poincaré et le ministère de la Guerre eurent une idée de génie, ils virèrent Nivelle et mirent à la place Pétain. Dans les livres d'Histoire on nous a dit que se fut le futur Maréchal qui régla la contestation en accordant des permissions plus longues, des montées au front plus courtes avec plus de dopage en vin et en gnole (appelée par les poilus le « Monte-en-ligne »), pudiquement désigné comme amélioration du ravitaillement. En fait, les choses se sont réglées plus brutalement.

Officiellement, une fois de plus, on annonce le chiffre très précis de quarante-deux mutins fusillés. Pour être plus juste, on peut utiliser le terme de décimation. En annonçant le chiffre minimum d'un millier de punis, l'on se rapproche de la vérité. Malheureusement, nous ne saurons jamais le nombre exact de fusillés puisque les proches, les familles reçurent le simple message : « Mort au front, tel jour… », ou bien «  Mort pour la France », sans qu'il soit précisé que ce fût sous les coups de l'ennemi. Seuls les désignés pour servir les pelotons d'exécution eurent longtemps des nuits agitées. Traumatisés, perturbés par le souvenir ineffaçable de l'instant où leur doigt appuya sur la détente du Lebel…

Comme j'ai l'habitude dans cette chronique, je rapporte un extrait de texte pioché dans les « Humbles ». Cette fois c'est un extrait d' « Histoire d'un Crime » de Victor Hugo et qui ce trouve être de circonstance car l'auteur raconte dans ce livre le coup d'état de 1851 de « Napoléon le petit » ; je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ça me rappelle quelque chose, n'est-ce pas !

« La France a dans le passé les victoire de la guerre et dans l'avenir les victoires de la paix. L'avenir est à Voltaire et non à Krupp. L'avenir est au livre et non au glaive. Chercher la vie dans les vielles institutions est chose vaine et se nourrir du passé est mordre dans la cendre ».

A méditer…





13/11/2008
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