Quoi de neuf à l'assemblée ?
Quoi de neuf à l'assemblée ?
Par Michel MENGNEAU
En relatant assez régulièrement quelques propos de nos députés je ne pensais pas qu'un jour je ferais « relâche » écoeuré par l'attitude théâtrale des Socialistes. Si j'ai toujours regardé leurs agissements de manière circonspecte et critique j'avais quand même un certain respect pour cette classe politique qui, il faut le reconnaître, parfois balançait du coté des idées qui m'animent. Mais cette fois, ils ont passé les bornes rejoignant le lot commun des politicards professionnels dont l'unique préoccupation est de garder son siège.
D'aucun me dira, mais que faire contre un pouvoir qui cadenasse tout, un parlement tout acquit à sa cause et qui entérine les yeux fermés des réformes iniques ?
Certes, il y a peu de marge de manœuvre, pourtant, lorsqu'elles se présentent, les Socialos ont tourné le dos pour ne pas avoir à devenir une vraie opposition de combat sur le plan idéologique. Les exemples ne manque pas : abstention sur un RSA dont l'impact ne s'est pas fait encore sentir mais qui est à l'évidence un recul social, abstention sur la mascarade du Grenelle de l'environnement alors que l'attitude responsable eut été de crier à la supercherie en absence, entre autres, de débat sur le nucléaire.
Puis se fut, cerise sur le gâteau de l'hypocrisie, les votes aux deux congrès. Pour les modifications de la constitution sur les prérogatives du parlement c'est un député socialiste, J. Lang pour ne pas le citer, qui a fait passer le projet dont les retombés, l'encadrement des amendements par exemple, font maintenant pousser des cris d'orfraie à des socialistes qui s'aperçoivent qu'ils ne seront même plus les maîtres de la chicane stérile. Mais n'oublions surtout pas le summum de l'hypocrisie, le bal des faux-culs, l'abstention lors du vote pour la ratification du Traité de Lisbonne.
Pourtant c'eut été là un vrai combat qui eu pu être mené et qui sans doute aurait donné un autre regard sur l'action des socialistes en tant qu'opposant réel au régime Sarkozien. Non, comme ils sont à court de propositions idéologiques, n'étant là que pour gérer plus socialement –peut-être- le capitalisme, ils se sont enfoncés dans la médiocrité que leurs simagrées récentes viennent de confirmer. D'ailleurs le pouvoir en place se régale et fait sonner les médias en faisant crier haut et fort que les socialos se sont réveillés et seraient devenu un parti d'opposition à sa taille. Eh oui, il vaut mieux avoir un adversaire mollasson et qui de plus ne rentre pas dans le débat d'idées étant sur la même ligne de pensée pour construire une France à l'anglo-saxonne car la multiplicité des partis, pour ces gens là, gêne leurs intérêts.
Néanmoins, toute cette agitation inutile, cette mise en scène électoraliste n'a pas arrêté le cours du travail de l'assemblée et les députés responsables, ceux de la vraie opposition, ont continué avec leurs faibles moyens à apporter la contradiction au gouvernement, il eu donc été dommage que les pitreries des Socialos jettent le discrédit sur l'ensemble de nos représentants ; donc je vais de nouveau relater quelques passages des débats récents.
Sujet d'ailleurs d'importance puisqu'il s'agit du logement et la lutte contre l'exclusion dont plusieurs séances de discutions se sont déroulées en milieu de semaine.
C'est par nature un dossier épineux et comme il demande des acrobaties intellectuelles et pas mal d'hypocrisie pour faire avaler le faux-semblant d'intérêt que la droite en général porte à ce problème de société, Sarkozy a donc collé la larmoyante catho Christine Boutin à la tache pour nous faire avaler une charité de bon aloi, un faire valoir. D'ailleurs, il a fait de même avec Hirsch sachant que l'hypocrisie catho s'accommode très bien de la charité d'apparat.
C'est donc Roland MUZEAU, Député des Hauts-de-Seine qui s'est attaqué à ses faux-semblants…
« Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion – dit projet de loi MOLLE – aura nourri pendant plus de six mois d'intenses débats politiques. Il aura surtout mis en exergue les différences idéologiques fondamentales existant entre la majorité et l'opposition.
Car c'est bien de cela qu'il a été question : le rôle et la fonction que nous conférons au logement social dans notre pays. Le moins qu'on puisse dire est que nous continuons d'entretenir, sur le sujet, de profondes divergences.
D'un côté, en effet, se trouvent les partisans d'un parc social ghettoïsé, réservé aux plus démunis ; de l'autre, des élus convaincus de la nécessité de renforcer la mixité sociale dans les villes et les quartiers, et de garantir l'effectivité du droit d'accès au logement social pour tous, pour les plus démunis, bien sûr, mais également pour les millions de nos concitoyens qui ne peuvent, dans les conditions actuelles, accéder à la propriété ou, plus simplement, envisager de devenir locataires dans le parc privé. »……….
« Face à l'ampleur de la crise et à l'injustice que représentent les inégalités d'accès à un logement et de sa jouissance, il aurait fallu que l'État s'engage dans un plan massif de construction, s'attaque au dossier de la maîtrise des loyers dans le secteur privé, renforce les contraintes en cas de non-application de la SRU, enfin facilite les procédures de réquisition. Tel n'a pas été le cas. Le projet de loi MOLLE n'est pas à la hauteur de la crise actuelle. Il est condamné à demeurer inefficace faute de moyens alloués aux politiques du logement et à cause de la chape de plomb idéologique qui pèse sur lui. »
Mais se jour là le jeudi 19 février la première séance avait vu l'intervention de Patrick BRAOUEZEC, Député de Seine-Saint-Denis, qui n'avait pas mâché ses mots à propos de l'exclusion, d'ailleurs à travers ces extraits de son texte on peut juger de l'ensemble du discours qui est assez remarquable.
« Depuis le début de ce quinquennat, à propos de chaque loi, les éléments discriminatoires ont augmenté ; ils ont été dressés comme moyen de lecture de notre société et donnés comme éléments d'argumentation à la crise sociale et économique actuelle.
Le Gouvernement n'a cessé d'opposer – et d'imposer dans l'inconscient collectif – les jeunes aux plus âgés, les banlieues aux centres villes, les Français aux étrangers, les salariés du secteur public à ceux du secteur privé, les gens du voyage aux autres européens, les « bons » aux « mauvais » migrants, les pratiquants de l'islam à ceux d'autres religions.
Nous voyons le résultat : une France coupée, découpée en « bon » et « mauvais » côté. La ligne de démarcation a été définie de manière unilatérale par ceux qui pensent que le monde ne peut se lire que par le prisme de l'exclusive ethnique, raciale ou religieuse, et que pour éviter toute relation avec ceux qui sont du mauvais côté, il n'y a d'autre solution que de fabriquer de l'exclusion pour se protéger et rester entre soi.
Voilà pourquoi la discrimination existe et que rien n'est fait, ici et maintenant, pour lutter contre les injures faites aux femmes et hommes que nous sommes, dans notre diversité. ».........
Une telle légalisation de la discrimination ne fait que renforcer la discrimination sociale, car elle suppose l'exclusion des migrants du marché du travail au nom de la préférence nationale. Les discriminés sont relégués, et non « auto-relégués » : ils demandent l'abolition des clivages et des hiérarchies insufflés dans les esprits au point de devenir des croyances d'État. Ils se font entendre, et nous sommes là, sur ces bancs, pour relayer leurs voix. Les « sans-voix », longtemps cachés, sont sortis de l'ombre et veulent être entendus. C'est de cela aussi que nous parlent aujourd'hui les syndicalistes et la population de Guadeloupe et des DOM-TOM. Ils demandent que les rapports sociaux fondés sur l'exploitation de populations identifiées à partir de critères ethniques et raciaux cessent afin que le métissage social existe. N'existe pour l'instant que le métissage biologique, comme l'a d'ailleurs rappelé avec une certaine violence, mais non sans franchise, M. Huygues-Despointes dans un documentaire diffusé par Canal Plus. Cette absence de métissage social appelle et favorise la sélection au faciès ; elle fait le lit de la ségrégation et des discriminations.
Nous sommes confrontés au même problème dans l'Hexagone. Si nous voulons que les personnes cessent de se dévisager et commencent à s'envisager, selon le mot de Cocteau, il faut, en Guadeloupe comme dans tous les DOM-TOM et en Métropole, vouloir changer les rapports sociaux pour qu'une véritable mixité sociale émerge. Tant que ne seront pas reconnus l'ensemble des processus d'infériorisation sociale, tant que ne sera pas admis qu'à niveau équivalent de richesse et de compétences, certains jouissent de privilèges et ont des opportunités d'accession au bien-être refusées à un nombre important de citoyens, alors les discriminations persisteront et, surtout, ne seront pas punies comme elles devraient l'être dans un pays qui se déclare État de droit.
A suivre…
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