Censure, un réflexe conditionné ?
Censure, un réflexe conditionné ?
Par Michel MENGNEAU
Il y a peu de temps, en lisant un article sur la toile, j'ai piqué une grosse colère par rapport au propos raciste de Lefévre qui s'en prenait aux membres du LKP en les comparant à des tontons macoutes…Colère légitime quand on est frappé de plein fouet par autant de bassesse de langage servant à dénigrer des gens qui somme toute ne faisaient que défendre leurs intérêts.
Ma réaction fut immédiate et mon commentaire un peu acerbe. Disons que j'avais subodoré à l'encontre du fallacieux porte-parole de l'UMP, par conséquence de Sarkozy, une solution un peu extrême en cas de prise de pouvoir par le peuple. Sans que soit exagéré le sens de mon intervention elle était suffisamment marquée pour que certains internautes s'offusquent du fait que je mettais la vie du site en péril. Diable, pensais-je, à ce point là !
Sur le coup, je ne me suis pas inquiéter plus que ça en sachant qu'il y a des individus atteint par le syndrome de la persécution, mais en y réfléchissant, leurs réflexions m'avaient laissé perplexe. Est-ce que par hasard notre société ne serait envahie par une peur viscérale de la répression, empêchant les individus de s'exprimer en toute liberté…
Par nature je suis contre toutes contraintes morales ou physiques et considère par conséquence la liberté d'expression incontournable pour le citoyen. Donc, la censure m'est assez intolérable en règle générale. Cependant, malgré tout et en dépit d'une tolérance totale et d'une ouverture d'esprit non restrictif il est difficilement concevable de cautionner certaines idées, des façons de faire immorales. On ne peut en aucun cas autoriser des individus de propager des propos faisant l'apologie de la pédophilie, du racisme et de la xénophobie. Mais ce ne sont là qu'exceptions indiscutables. Je passe sur l'insulte, qui même lorsqu'elle est violente, voire diffamatoire, n'est pas à mon avis une cause profonde de censure. Alors, pour le reste, pourquoi ce sentiment qu'il ne faut pas dire ci, pas dire çà, pourquoi cette peur presque irraisonnée de dire un mot plus haut que l'autre.
Par quel réflexe les gens vont-ils faire de l'autocensure en dehors des cas indiscutables que l'on a cités ? Pourquoi d'eux-mêmes vont-ils s'empêcher d'exprimer leurs opinions en toute liberté…
J'ai repensé alors à mes propos qui m'avaient amené à cette interrogation. En regardant de près le cas j'ai été amené à faire plusieurs constations. D'abord je dois reconnaître que mon analyse sur ce quidam fut primaire et que je me suis trompé à son sujet. Pour tout dire j'avais pris Lefévre pour un moins que rien, mais il s'avère qu'en y regardant de plus prés on s'aperçoit qu'il n'est pas si bête qu'il veut bien laisser accroire et par là même, un type dangereux. D'ailleurs il suffisait de l'écouter vendredi soir sur Inter pour s'apercevoir que son ton mielleux volontairement calme pour montrer un personnage fréquentable cachait une sournoiserie incomparable. L'art consommé de faire de la provoc, et après d'avoir une attitude sibylline qui fait croire aux naïfs : "vous voyez que je suis un gentil garçon !"
Et aussitôt, l'air de rien, c'est Domota qui est poursuivit en justice pour « incitation à la haine raciale ». A première vue on croirait à une plaisanterie de mauvais goût, c'est Lefèvre qui utilise des propos racistes et c'est Demota que l'on veut mettre en taule parce qu'il a dit aux « békés » colonialistes de partir s'ils ne voulaient respecter les acquits obtenus par la volonté du peuple. Toutefois, c'est l'exemple du moment, mais l'on se souvient aussi du militant de RSF, Hervé Eon, qui avait brandi une pancarte reprenant les propos vulgaires de Sarkozy sur le passage du susnommé. Amende, mis à l'index par les béats sans jugeote de la politique sarkosienne. Je citerai bien d'autres exemples, mais ressasser tant d'iniquité me traumatise !
Donc par la contrainte, morale et physique d'ailleurs puisque certains ont écopé de peines de prison, ils ont réussi à créer un tel état d'esprit délétère, où l'on est obligé de peser chaque mot de ce que l'on va dire pour que cela ne soit pas considéré comme : soit une insulte, un crime de lèse majesté, si bien que des coups de colère et des propos biens sentis sont devenus difficile à faire connaitre tant la peur de la répression devient une obsession nuisant à la liberté d'expression. C'est la marque de tous les régimes qui vont à la dictature, réussir à cadenasser l'expression individuelle par la peur, avant la contrainte, est l'exemple de ce qui se produit en France et la provoc de Lefèvre n'y est pas étrangère, entre autres. De surcroit, comme on ne peut faire aucune confiance aux margoulins exécuteurs des basses œuvres de Sarkozy il ne serait donc pas étonnant que pour le net ils s'arrangent pour contrôler et sanctionner ce qui ne leur semblera aller à l'encontre du totalitarisme du pouvoir par le biais de la loi « Hadopi ».
Pour ma part, même si j'ai utilisé parfois des circonvolutions diplomatiques pour dépeindre ce qui me semble injuste, immoral, les abus de pouvoir, le non respect de la démocratie, je pense que c'est faire le jeu de cette droite pourrie en s'aplatissant et évitant de clamer haut et fort notre indignation. Notre liberté en dépend même si parfois les mots sont forts. Après tout, il vaut peut-être mieux qu'il soit forts, c'est par là que nous gagnerons sur ceux qui ne se gênent pas pour écraser le prolétaire.
Ainsi nous pourrons nous regarder en face après avoir vaincu la peur de la répression qui est l'arme première des dictatures !
Post-scriptum :
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