Le Ragondin Furieux

Le Ragondin Furieux

Si demain était un point de départ…

Si demain était un point de départ…

 

 


S'il veut respecter la tradition, normalement le Ragondin à l'instar de tous les rongeurs du capital ne devrait pas travailler le 1er mai, fête du travail oblige. La tradition, la belle affaire ! Disons d'abord que le Ragondin utilise rarement l'affreux mot travail qui comme chacun sait va chercher son origine dans torture, c'est la raison pour laquelle il préfère œuvrer, concevoir, fabriquer. Si l'on porte peu de respect au sens de l'oeuvre, si l'on a une conception de la vie autre que celle qui veut que l'homme soit au service de l'entreprise, et non l'entreprise au service de l'homme ce  qui devrait être, alors effectivement on peut défiler un jour férié pour rendre gloire à l'esclavagisme moderne en déambulant au son des flon-flons. D'autant que cette célébration, -que nous devons à l'origine pour cette date à la IIéme internationale Socialiste qui décida le 20 juin 1889 de chômer le premier mai en souvenir des trois grévistes  morts  au cours d'une manifestation à Chicago en 1886- fut remise au goût du jour le 12 avril 1941 par Vichy. Donc, si l'on prend l'histoire dans ce sens là, il n'y a pas lieu de faire un fromage d'un premier mai qui s'inscrit dans le slogan : Travail, Famille, Patrie. Si effectivement il n'y avait eu que cet aspect de la question, le Ragondin serait resté sourd au martellement des pas du peuple sur le pavé, pensant que défiler dans de telle condition c'était se flageller, voire faire du masochisme…

 

Mais l'histoire est plus complexe, et dans son cortège de contradiction il y a eu Fourmie au premier mai 1891 où l'armée a tiré sur la foule qui réclamait la journée de 8 heures, dix morts à l'actif du capital. Les échauffourées de 1906 au même moment de l'année permirent aux exploiteurs d'arrêter 800 personnes en plus des nombreux blessés dus aux brutalités de la soldatesque. Ainsi de suite… Comme on le voit ce ne fut pas toujours la fête, mais une journée où l'exploité par son nombre et sa détermination montra à l'exploiteur que lui, le prolétaire, ne s'en laisserait pas compter. Certes ce fut souvent cris et vociférations sans lendemain, qui souvent découragèrent les plus vindicatifs. Cela fait partie des raisons qui ont parfois un peu démobilisées la masse salariale.

 

Cette année le contexte est différent, les syndicats qui ne se montre souvent plus prolixes dans les mots que dans les actions parlent de journée historique dans la mesure où ils seront unis pour dénoncer un contexte social pourri. Ca c'est pour ce faire mousser, tenter d'impressionner le gogo. Certes, il y a un bail que cela n'était pas arrivé, mais cela ne vaut pas le coup de s'en battre les flancs. Le plus important est de rassembler, donc le Ragondin va aller défiler et exhorte les copains à faire de même.

 
Mais attention, si c'est simplement pour chanter sur l'air du tra, du tra-là-là et que c'est le troisième tour pour rien, beaucoup d'amertume s'ensuivra et sans doute que le regard jeté vers les centrales syndicales sera peu amène. Une promenade roborative sans lendemain serait un désastre pour la classe ouvrière. Il est donc urgent de mettre devant le fait accompli les directions syndicales et politiques, car s'ils ont le malheur de ne pas poursuivre et que le peuple prenne, lui, ses responsabilités, il ne faudra pas qu'ils viennent par la suite la goule enfarinée pour encadrer la contestation…

 

 Pour ceux de ma génération on a déjà connu cela, et la grande œuvre, la révolution est restée en chemin !

 



01/05/2009
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