Le Ragondin Furieux

Le Ragondin Furieux

Rien….

Rien….

 

 

      Un  beau matin, en passant mes chaussettes, je me disais que la chose la plus absurde de notre existence était notre naissance !

 

     Naitre pour mourir, voir le jour pour être voué à une disparition certaine, quel paradoxe. C'est d'ailleurs à peu près la seule certitude de notre avenir car au cours de ladite existence des interrogations constantes et sans réponse sont un leitmotiv dans nos pensées. Que fait-on sur terre ? Et la suprême incertitude : Qui-y a-t-il après la mort ? En fait que se cache-t-il derrière le miroir de nos vies….

 

     A travers les cultures diverses et variées qui parsèment notre terre tout un chacun va souvent chercher des réponses ou des palliatifs dans ce que lui souffle l'inconscient intellectuel qu'ont construit et donné ses ancêtres.

     Beaucoup vont chercher par confort intellectuel la probabilité du sens de l'existence dans l'imaginaire des religions. D'autres, plus pragmatiques, moins rêveurs, parmi lesquels je m'inscris, prétendant qu'ils manquent d'imagination pour envisager qu'un dieu quelconque serait le maître de leur destinée se tournent donc vers les philosophes qui ont tenté de dénouer les mystères de la vie. Il faut avouer que Le Jardin d'Epicure, par exemple, offre pour qui y veut flâner une sorte de réconfort et si l'on si attarde un art de vivre qui encore de nos jours pourrait conduire vers la sérénité. Mais la question reste toujours posée, Qu'est-ce qu'on fait là ?

     Alors des petits malins à l'esprit unidirectionnel n'ont qu'une obsession, pour éviter de trop se torturer les méninges sur des thèmes philosophiques, ils courent sans relâche après le profit. C'est cette catégorie infecte d'individus que l'on appelle les capitalistes, et qui sans vergogne à travers le pognon qu'ils récupèrent par un productivisme exacerbé pompé à la sueur d'ouvriers esclavagés prétendent faire évoluer la société vers le mieux être. Cette recherche existentielle par l'exploitation de « l'homme par l'homme » n'est certainement pas la réponse au sens de la vie ! De surcroit certains de ces exploiteurs vont chercher la rédemption de leurs exactions dans une religiosité affichée et affecté. Simulacre, d'un monde soi-disant bien-pensant.

 

    J'en étais là de mes réflexions, après avoir enfilé ma seconde chaussette, lorsque me revint à l'esprit le souvenir de la lecture d'un livre d'Algemon Blackwood, auteur anglais de littérature fantastique (1869-1951). Souvenir qui ne venait pas du fait de son prénom surprenant, ni de son nom : Bois-noir, ou encore qu'il fut le fils de Sir Arthur Blackwood et de la duchesse de Manchester, mais qu'il fut surtout un essayiste assez remarquable sur la quatrième dimension. Entre autres dans son ouvrage : « Elève de quatrième…dimension » où il nous raconte l'histoire d'un professeur de mathématique disparu dans un miroir imaginaire. Certes on vogue là dans l'irréel, dans un imaginaire débridé, me direz-vous avec un air septique empreint d'incrédulité! Peut-être…

      De par mon éducation, j'ai une formation plutôt scientifique et laisse les rêveries du surnaturel aux poètes ou aux écrivains fantasques, et naturellement aux croyants. Il n'empêche que les élucubrations de Blackwood m'avaient laissé dubitatif sur la possibilité d'aller de l'autre coté du miroir ce qui permettrait, enfin, de savoir. On subodore le charivari qui agitait  mon esprit, partagé entre la rigueur scientifique niant une recherche surnaturelle et la possibilité d'assouvir la quête de l'inconcevable. Bref, ça me démangeais.

      N'y tenant plus, un jour, bien réveillé et complètement vêtu, je me mis à la recherche chez les antiquaires d'un miroir, un de ces grands miroirs sur pied, d'antan de préférence. Ce ne fut pas facile car il fallait qu'il fût de grande taille pour pouvoir y pénétrer. Qu'importe, avec de la persévérance l'on arrive à tout. Après m'en être enquis d'un, que j'avais déniché en battant pas mal la semelle, j'installais l'objet de mes fantasmes dans un endroit isolé, à l'abri des regards goguenards, des fois qu'on me prendrait pour un fou ! Ce n'était pas tout, que faire, comment vais-je m'y prendre ? De part cette interrogation, je fis bien cinquante fois le tour de l'ustensile avant de prendre une décision qui me vis me lancer dans des calculs mathématiques assez cabalistiques à la vérité. Bon, pour assouvir ses envies les plus folles parfois des moyens qui peuvent paraître peu conventionnels ne sont pas à rejeter, donc peut-être pas tout à fait convaincu de la rigueur et de la justesse apportées à mes recherches je tendis toutefois un pied timide vers le miroir. C'était prévisible, je l'ai cassé, têtu, j'en ai cassé cinq. Ca commençait à gueuler à la maison. D'abord ce genre de plaisanterie coute fort cher, faut nettoyer les dégâts, et cela exacerbe chez les autres le syndrome de l'incompréhension du sens des travaux du chercheur.

     J'avais bien conscience que je devenais de plus en plus la risée de mon entourage ; néanmoins, il parait que j'ai des gènes breton mélangés à du mulet vendéen, alors, juste une toute petite dernière fois pour aller jusqu'au bout de mon entêtement. C'est donc en cachette que je fis l'acquisition d'un vieux miroir, le tain était défraichi, l'entourage de bois en lambeau malade d'avoir été grignoté par des milliers de vers gourmands, un pied dans la tombe, en somme. Pour ne pas ébranler cette vétusté, l'achever d'un coup fatal, c'est avec maintes précautions que je présentais mon pied gauche qui pénétra plein de délicatesse dans un autre monde. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'étais entré pour quelques instants dans l'au-delà.

      En fait, c'est la définition que je donne car l'irréel n'est pas définissable, même dire qu'il n'y a rien ne veut rien dire puisqu'il n'y a rien. Alors, décrire les sensations, l'atmosphère, d'aucun aurait prétendu qu'il  est ouaté, pourtant on ne peut le décrire, aussi pourrait-on dire qu'il y a nul bruit, ce qui n'est ni vrai ni faux, ni même le comparer à un trou noir qui lui a une définition. Comme les mots manquent pour définir cet après, disons qu'il n'y a rien. Et c'est pour cela tant d'interrogations !

 

     Lorsque l'homme évolua il transporta dans ses bagages intellectuels cette quête de l'au-delà qui de générations en générations se perpétua. Se transforma en paradis, éden de récompense ou aussi en purgatoire pour les fautifs, confortant l'imaginaire de ceux qui ne conçoivent pas qu'il pourrait y avoir rien après la mort. Ces croyances misent en dogmes sont devenues des religions qui entretiennent ainsi ces allégories. Les hommes se sont donc entretués, et continuent sous couvert leur paradis n'est pas le même celui d'un autre, et pour prouver qu'il est meilleur le font par les armes, la colonisation, le prosélytisme, l'obscurantisme, les mensonges et autres moyens inavouables sous couvert de la foi.

 

Et s'il n'y a rien, que de crimes, de guerres et autres exactions commis pour rien !

    

     

 

    

    

   

   

   

 



03/04/2009
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