Le Ragondin Furieux

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Liste Ushuaïa Ecologie : le radeau de la méduse de l'écologie politique !

Liste Ushuaïa Ecologie : le radeau de la méduse de l'écologie politique !



On doit cet article décapant paru dimanche 29 sur le site de Bellaciao à  Frédéric Angèle. Pour tout dire, il va tellement dans les sens de ma pensée qu'il m'évite d'écrire un pamphlet sur le nouveau parti Europe écologie qui est un simulacre électoraliste.

 De toute façon, tant que les écolos n'auront pas compris qu'il faut avant tout s'attaquer à la racine du mal qui est le productivisme capitaliste. A partir de cette constatation, il est évident que le premier but est de combattre le capitalisme jusqu'à sa disparition et par conséquence l'écologie se fera pratiquement de fait comme si elle coulait de source. Donc ce parti pro-européen n'a pas lieu d'être, surtout lorsqu'il défend un Traité Lisbonne très ultra libéral allant à l'encontre des assertions redondantes que l'on peut lire dans un Manifeste, somme toute, allégorique…

Les Ver(t)s sont devenus un parti-croupion composé presque exclusivement d'élu-e-s, d'assistants d'élu-e-s, et de personnes qui tirent directement tout ou partie de leurs revenus de leur appartenance ou d'une dépendance aux Ver(t)s, bien plus préoccupés par leur business et leurs byzantines luttes des places (éligibles) que par l'écologie politique.

Les autres partis les ont rattrappés et dépassés sur à peu près tout ce qui faisait leur originalité, naguère. Ils ont été doublés sur leur droite par le Modem et sur leur gauche par le NPA pour la démocratisation de la vie politique, et ils ont encore étés doublés sur leur gauche par le NPA sur la question des politiques publiques relatives aux drogues, que les Verts ont un temps étés quasi-seuls à porter.

Dépendants totalement du Parti Solférinien (PS) pour leurs ré-élections, les élu-e-s Ver(t)s ont conscieusement avalés toutes les couleuvres possibles et imaginables contre quelques strapontins, jusqu'à avoir une ministre pro-nucléaire ...

L'épisode du référendum sur le TCE en 2005 aurait dû leur servir de leçon : en effet, les Ver(t)s ont officiellement soutenus le OUI alors que la base et même une large part de ses membres menaient campagne pour le Non.

En 2007, les Ver(t)s se sont à nouveau retrouvés le cul entre deux chaises, entre PS et "gauche de gauche", sans oser choisir. Ils ont finis le bec dans l'eau, exsangues, et menacés de disparition avec un score identique à celui de René Dumont en 1974 (1.35%), quand les Ver(t)s n'existaient pas encore. Quelques rares écologistes rescapés alors encore membres des Ver(t)s en sont partis.

Affolés par la soudaine conscience de leur vacuité flagrante, les dirigeant-e-s des Ver(t)s ont alors eu une idée lumineuse : ressortir Cohn-Bendit du Musée comme naguère la France alla chercher De Gaulle en 1958. Mais ça risquait de ne pas suffire : Cohn-Bendit est surtout connu pour avoir souri aux CRS en 1968, et pour n'avoir guère fait autre chose depuis ...
Les publicistes ont alors eu l'idée lumineuse de faire une campagne groupée, en y associant la promotion des produits "Ushuaia" à une retraite dorée pour un José Bové à qui personne ne songerait un instant à lui reprocher de préférer les douceurs du parlement européen à l'inconfort des geôles de la république : le résultat de cette cuisine publicito-électoraliste a été baptisé liste Europe-Ecologie.

Qui peut-elle séduire ? Certainement pas les écologistes, car son programme est un véritable enterrement du concept même d'écologie politique. Les centristes, alors ? Mais pourquoi choisiraient-ils une copie périmée depuis quarante ans à la place de l'original homme à la tête de chou du Béarn ? Reste quelques spectateurs de TF1 et de Nicolas Hulot ayant abandonné leur temps de cerveau disponible aux mânes des publicistes qui comptent verser le coca dedans et le shampoing dessus ?

Un enterrement du concept d'écologie politique

En effet, que trouve t'on dans le Manifeste d'Europe Ecologie ? Celà se résume en deux mots : "L'urgence commande". Sauf que ce sont de vieilles urgences ... à moins que la véritable "urgence" à laquelle obéït ce manifeste soit de recaser quelques Ver(t)s dans quelques fruits pourris de l'Europe "libérale" (c'est à dire capitaliste) ? Sans doute dans le souci d'attirer avec Nicolas Bulot ses bourriches de spectateurs, ce "Manifeste" parle avec grandiloquence de "l'homme" et de ses péchés, sans jamais distinguer la bonne poire de celui qui l'exploite. "On" est tous coupables. Coupables par exemple de se faire chier en bagnole dans les bouchons pour aller se faire exploiter alors que grâce au projet "Vert" de Dany-le-Gris, la "modification d'un aménagement du territoire axé sur l'étalement urbain et la sectorisation" nous permettra de nous entasser toujours plus nombreux dans les clapiers urbains de la "World Company" Ushuaia Habitat, et que la "réorientation de la mobilité des hommes et des marchandises vers les moyens de transports doux" nous permettra de nous lever une heure plus tôt pour se faire chier dans le métro après avoir été trempés en vélib' Ushuaïa Vélos ... mais la nature sera "belle", "sanctuarisée", transformée par Ushuaia Entertainment en ghettos de riches et en Ushuaïa-Parks pour rats des villes, dont l'entrée sera bien sûr payante ... Bref, "tout va changer" grâce à la liste Ushuaïa Ecologie, sauf bien sûr l'exploitation capitaliste, la concentration urbaine, la pollution, et la démocratie réduite aux bravitudes participatives ... Ce "Manifeste" évoque pourtant la "réduction du temps de travail parallèlement aux gains de productivité". Que n'en tire t'il donc pas les conséquences ? Avec une telle réduction du temps de travail contraint, les besoins en transports inutiles de serfs des temps modernes diminueraient drastiquement. Avec la démocratie, qui n'est pas participative mais qui est directe ou qui n'est pas, y compris dans les entreprises, la concentration urbaine absurde qui coupe l'humain de l'environnement qui n'est pas que le sien n'aurait plus de raison d'être. Mais ce "Manifeste" n'a pas tant d'ambition : faire élire quelques "Ver(t)s n'exige pas beaucoup d'écologie politique. Du moins croient-ils ...

Mais qu'importe ! "Les sondages sont bons" (c'est à dire moins catastrophiques qu'attendus), le produit marketing se vend bien, et on peut bien brader l'écologie politique pour vendre quelques shampoings de plus, non ?

Les Ver(t)s sont déjà depuis longtemps dans le fruit, et ils ont abandonnés l'écologie politique bien longtemps avant de croquer les pommes du pouvoir, en petits notables payés par nos soins. Se vendre une fois de plus n'a pas dû les déranger beaucoup ...

Bref, on est bien loin d'une "green team", et cette liste est celle de l'éco-business bien plus que celle des écologistes. Elle semble être le fruit de brain-storming de publicistes bien plus que celui de quelconques débats "démocratiques". Loin d'une "dream team", c'est un cauchemar : le radeau de la Méduse de l'écologie politique.

De : Frédéric Angèle
dimanche 29 mars 2009


Voir aussi: www.pacte-contre-hulot.org/


30/03/2009
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