Le Ragondin Furieux

Le Ragondin Furieux

Enfin, les Marais mouillés.

Enfin, les Marais mouillés.

 

        

         A la chute de l'Empire, si l'avenir du fleuve était déterminé, il restait toutefois celui des marais mouillés dont les nouveaux propriétaires envisageaient sérieusement de les exploiter tant ces terres étaient propices à l'élevage. Les maraîchins peu riches à l'époque y voyaient là une source de revenus qui auraient amélioré leur condition précaire. A l'inverse des nobles qui les avaient laissé à l'abandon, ne les fréquentant à l'occasion que pour leurs distractions ; l'une des plus courantes étant la chasse à courre. Malgré l'attente pressante des paysans qui avaient d'autres prérogatives que celles de leurs anciens seigneurs, il fallut patienter presque un quart de siècle pour voir se mettre en place une organisation d'ensemble concernant la structuration des marais mouillés.

         C'est donc le 7 mars 1832, sous le règne de Louis-Philippe, que fut créée la première association des marais mouillés. Ce petit syndicat au nom des marais mouillés de la Jeune Autize ouvrit la porte à la constitution de trois autres sociétés le 23 août 1833 : association des marais mouillés des Deux-Sèvres, de la Charente-Inférieure, de la Vendée. Enfin, après huit siècles de travaux, de guerres destructrices, de tergiversations diverses, le marais Poitevin s'en allait vers la forme que nous connaissons actuellement.

         A partir de la date de création des syndicats furent mis en œuvre plusieurs travaux prépondérants, en plusieurs endroits le redressement de la Sèvre et de ses affluents, l'ouverture de la Grande Rigole longue de 12 kms allant du canal de la Garette au canal du Mignon, dont le creusement s'achèvera en 1854, puis la Rigole de la rive droite achevée en 1859, etc… ; il se fit aussi d'autres travaux divers, toutefois cette énumération nous donne une bonne vue d'ensemble sur l'activité débordante de cette époque.

         Parallèlement à ces grands ouvrages, de nombreuses petites conches et fossés virent le jour, en drainant efficacement l'en-semble des marais mouillés, elles modifièrent peu à peu le biotope. Gênés par cette transformation des marais, les Huttiers, dont la population avait été augmentée à la révolution et pendant l'Empire par l'arrivée des réfractaires à la conscription, ne retrouvaient plus la protection d'une flore inextricable dans ces marais transformés pour la plupart en pâturages. Beaucoup commencèrent alors à rejoindre la civilisation ; pas très loin d'ail-leurs, puisqu'ils migrèrent vers les villages de cabanes construits sur les abords des marais. En 1838 le chef de bataillon du Génie, Savary, nous fait une description pittoresque de l'un de ces individus qu'il considère dans son écrit comme une sorte de contrebandier ; ce fut certainement l'un des derniers représentants de  ces  « marginaux »  qu'il  rencontra :..…je vis  s'entrouvrirent quelques roseaux, de l'autre coté de l'un des fossés, puis se montrer une espèce de sauvage, de l'extérieur le plus singulier : ses  cheveux  rares,  en  désordre,  hérissés,  son  œil  hagard,  sa barbe longue et grisâtre, le faisait ressembler en laid à l'un de ces dieux sous la figure desquels les anciens symbolisaient les fleuves, - extrait des Mémoires de la société statistique des Deux-Sèvres.


Le Marais Poitevin, de sa création à nos jours, pages 58 à 60 (M. Mengneau)



15/11/2008
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